J’ai été vraiment séduite par le premier tome L’Île des âmes, un roman qui m’a transportée en Sardaigne avec une intensité rare. Le paysage, la culture, l’atmosphère si particulière de l’île : tout y était captivant. Le deuxième volet, L’Illusion du mal, a continué sur cette lancée avec un rythme soutenu et un style fluide, aussi grâce aux talents du traducteur.
Malheureusement La Septième Lune m’a laissée sur ma faim, au point que j’en ai abandonné la lecture. La mise en place est lente, au bout de 160 pages ça décolle à peine. Certes, la nouvelle enquêtrice Clara est intrigante, et on devine en elle un personnage qui pourrait rejoindre les rangs de l’unité spéciale. Pour moi, l’intrigue est une sorte de recyclage des crimes du premier tome mixée avec le rythme en version lente du deuxième tome. On est dans la plaine du Pô, dans une ambiance extrêmement glauque…
Ce qui m’a vraiment fait décrocher, cependant, ce sont les dialogues et les différentes dynamiques entre les personnages, notamment cette scène entre Rais et Croce :
C: Attends… Tu serais pas en train de me faire une proposition de nature sexuelle, Rais ?
R: Si, voilà. Si seulement j’étais lesbienne, tout serait plus simple.
C: Bah, tu sais que c’est ce qu’on raconte sur nous à la questure, hein ?
R: Bien sûr que je le sais. Mais sincèrement, ça me fait ni chaud ni froid.
C: Peut-être parce que c’est vrai…
Deuxième bourrade dans l’épaule, et nouvel éclat de rire d’Eva.
Mais oui que c’est comique ! Pourquoi est-ce si “drôle” d’imaginer deux femmes s’aimer ? Et puis forcément, le cliché des relations homosexuelles seraient “plus simples” que celles des hétéros est bien placé. Je ris, je ris. Non seulement absurde, mais aussi profondément médiocre. (Je parle d’expérience.) Au-delà de ça, la tension amoureuse et/ou sexuelle entre Strega et les deux enquêtrices ajoute une bonne dose de paternalisme agaçant. Le trio a été rassemblé par un homme. Il est le leader, le mentor de Croce et le fantasme - pour l’instant? - inatteignable de Rais. Bref, ça m’a saoulé. Ça n’apporte rien ni à l’enquête, ni à l’intrigue.
En somme, La Septième Lune m’a déçue. Piergiorgio Pulixi, qui avait su si bien allier mystère et humanité dans ses précédents ouvrages, semble ici s’égarer dans des choix narratifs recyclés. J’en ressors avec l’impression que dès le troisième tome d’enquêtes policières, beaucoup d’écrivains s’égarent.