C’est mon premier livre de Delphine de Vigan. Je ne connais pas sa plume, mais beaucoup de gens aime ses histoires car l’auteur écrit souvent sur des faits réels qui touchent ton âme. L’anorexie est un thème très difficile et j’étais curieuse comment elle avait mis cela en pratique.
Laure a 19 ans et est anorexique. Avec 36 kilos, elle est emmenée à l’hôpital pour enfin reprendre du poids. Elle a mal partout, elle ne peut ni s’asseoir ni se tenir debout. Son corps se rebelle, mais son âme veut perdre encore plus de poids. Chaque gramme est de trop et Laure se bat chaque jour contre elle-même. Pour s’accepter et réapprendre à manger. Le Dr Brunel la soutient du mieux qu’il peut. Il est le seul à qui elle se confie et qui lui redonne le courage de manger. Mais ce n’est pas facile pour elle. Elle ne pense qu’à une chose : à quel point elle sera à nouveau grosse et peu attirante. Mais elle veut vivre.
J’ai moi-même été anorexique, je connais donc un peu le sujet. Cependant, je n’ai jamais été dans une clinique, j’ai dû me soigner moi-même. C’est difficile de faire comprendre ce que vit une anorexique et ce qu’elle ressent. Beaucoup de gens ne peuvent pas comprendre cette maladie, c’est pourquoi elle n’est pas prise aussi au sérieux qu’elle le devrait. Je me suis retrouvée dans Laure. Cette lutte intérieure pour ne pas prendre un gramme. Mais en même temps, on veut retrouver la santé.
Nous ne découvrons pas seulement comment Laure lutte contre la nourriture, mais nous faisons également la connaissance d’autres patients. Laure voit qu’elle n’est pas la seule. Qu’il s’agisse de personnes qui ne mangent plus du tout, de personnes qui mangent peu ou de personnes qui mangent trop, en fin de compte, chacun d’entre eux doit lutter contre la nourriture.
Mais chacun y pense différemment. Avec le temps, on se rend compte qu’il faut manger pour être libre et en bonne santé. La peur finit par disparaître. La tête, mais aussi l’âme, doivent le vouloir. Et puis il y a ceux qui tournent toujours en rond et se manipulent eux-mêmes. Tant que l’on n’est pas prêt, on ne peut pas guérir. On l’a vu ici par exemple avec Fatima. La peur de ressentir à nouveau la douleur peut être plus grande que la volonté d’être à nouveau en bonne santé. Dans le cas de Laure, ce sont des problèmes familiaux. Quand on a de tels parents, il ne faut pas s’étonner que l’on cherche en quelque sorte à s’échapper et à éteindre ses sentiments.
C’est un sujet très difficile qui est traité ici. On voit l’envers du décor et à quoi pourrait ressembler le quotidien dans une clinique. La lutte intérieure avec soi-même, comment la maladie est apparue, quelles sont les pensées des patients. L’auteur a su très bien transposer cela. Mais plutôt en surface, car je n’ai tout simplement pas réussi à saisir Laure. Je sais ce qu’elle ressent. Mais à cette distance, je n’ai pas pu ressentir autant d’empathie que je le pensais. J’aurais souhaité beaucoup plus de profondeur. Les dialogues aussi m’ont manqué. Mais c’est une question de goût. Le livre vaut tout de même la peine d’être lu, car on apprend beaucoup de choses sur l’anorexie et on comprend mieux le contexte.